Cette
année encore, le Salon international
du livre d'Alger sera marqué par
un grave scandale : la police algérienne
vient de bloquer, et à l'imprimerie
même, la sortie de mon nouveau livre
Journal
d'un homme libre, sortie qui était
programmée à l'occasion du
Salon. C'est la deuxième année
consécutive que la censure méchante,
absurde et irréfléchie frappe
mes écrits. L'an dernier, l'abus
de pouvoir consistait à prohiber
Les geôles
d'Alger du Salon du livre
d'Alger et à murer le stand de mon
éditeur, ce qui nous plaçait
déjà dans l'outrance médiévale
et le grotesque. Cette année, pour
ne pas innover, c'est au moyen d'une descente
policière musclée dans les
locaux de l'imprimerie Mauguin de Blida,
où le livre Journal d'un
homme libre était
en fabrication dans la perspective du Salon,
que la censure s'est magnifiquement réalisée.
L'escouade de police, instruite par je ne
sais quelle sombre autorité, et après
une spectaculaire perquisition, a saisi
tous les documents se rapportant au livre
et intimé l'ordre à la directrice
de surseoir à son impression !
Tout dans cet inqualifiable procédé
est illégal et arbitraire. Le livre
Journal
d'un homme libre ne souffre, en
effet, d'aucune entorse à la réglementation.
Il a été dûment enregistré
auprès de la Bibliothèque
nationale qui, en retour, lui a délivré
un numéro de Dépôt légal
et un numéro d'ISBN. La fabrication
du livre a fait l'objet d'un bon de commande
règlementaire auprès de l'imprimerie
Mauguin. Nous sommes donc, une fois encore,
devant un fait du prince qui se moque des
lois et du droit. Seul compte l'impératif
de brûler un livre dont on redouterait,
à tort ou à raison, qu'il
écorne l'unanimité de façade
sur laquelle repose la légitimité
du pouvoir. A quelques jours du 13è
Salon du livre d'Alger, cet oukase d'un
autre âge vient, hélas, nous
rappeler que nous sommes plus proches de
la République de l'autodafé
que d'une République moderne qui
ambitionne de tenir salon à la face
du monde. Par cet acharnement contre
mes écrits, et après m'avoir
emprisonné et suspendu le journal
que je dirige, le pouvoir algérien
entend me désigner comme le récalcitrant
à une sorte d'allégeance collective
qui ne dit pas son nom, qui s'imposerait
au monde de l'édition en Algérie,
et à laquelle nul écrivain
ou éditeur ne saurait se soustraire
sans se rendre coupable de la fitna
Je refuse ce statut d'insoumis, je
ne suis qu'un auteur parmi ceux qui font
vivre l'expression dans mon pays.
Je dénonce, et je dénoncerai
toujours, la censure médiévale,
cet étranglement du verbe et
de la parole qu'entend instituer le pouvoir
par la force et la prébende, un fait
accompli qui abolirait, dans l'Algérie
du 21è siècle, la liberté
d'éditer et de lire et qui consacrerait,
à jamais, le livre comme une affaire
de clous, de grandes planches et de brigades
de police. Je continuerai à me battre,
par tous les moyens, pour que le livre Journal
d'un homme libre voie le jour
dans les librairies de mon pays, comme je
ne me renonce pas à imposer le retour
du quotidien Le Matin
sur les étals de nos buralistes.
Une conférence de presse aura lieu
dimanche à 12 heures à la
Maison de la presse, à Alger.
Alger,
le 16 octobre 2008
Mohamed
BENCHICOU
Pièce
jointe : Couverture du livre
Destinataires :
Presse nationale
Presse internationale
Syndicat des éditeurs
Ligues algériennes
des droits de l'homme
Fédération
internationale des journalistes
Pen club international
Reporters sans frontières
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